Retour sur... les formations Logiciels libres pour les associations de 2017

, par  Florestan FOURNIER, Julie GOMMES

Contexte

En ce temps où les pratiques discutables et l’influence profondément ancrée des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…) sont régulièrement rapportées par les journalistes autour du monde, il semble nécessaire de transformer nos usages numériques afin de conserver un outil exceptionnellement utile au développement de notre société.

Définition

Un logiciel (software, en anglais) est un ensemble ordonné de programmes informatiques permettant un usage particulier de son outil informatique. Il peut s’utiliser en local, c’est-à-dire sur l’ordinateur de l’utilisateur, ou via Internet grâce à un tiers l’offrant comme service. L’Académie française a construit ce mot en partant de « logique » car ce sont les aspects logiques d’un ordinateur qui sont concernés, et non les aspects matériels.

Une licence libre permet à un ayant droit de rendre le droit d’auteur classique moins restrictif, tout en s’appuyant sur ce dernier. Concernant les logiciels, toutes les licences libres accordent les quatre libertés suivantes à chaque utilisateur :

  • Liberté 0 → La liberté d’exécuter le programme comme vous voulez, pour n’importe quel usage ;
  • Liberté 1 → La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez ; l’accès au code source est une condition nécessaire ;
  • Liberté 2 → La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin ;
  • Liberté 3 → la liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées ; en faisant cela, vous donnez à toute la communauté une possibilité de profiter de vos changements ; l’accès au code source est une condition nécessaire.
  • Dans le cas contraire, on parlera de « logiciel propriétaire », voire de « logiciel privateur ».

Origines des licences libres

Connu aussi sous ses initiales rms, Richard Matthew Stallman est un programmeur renommé, né le 16 mars 1953. Dans les années 70 à Cambridge, alors qu’il fréquentait le laboratoire de recherche de l’Institut de Technologie du Massachusetts -le célèbre MIT-, il fut confronté à la rétention du code source d’un prototype d’imprimante donnée par Xerox. Le code source est au logiciel ce que la recette est au gâteau. À cette période, il était courant de le fournir avec le matériel, de le partager, cela faisait partie de la documentation. Malheureusement, l’imprimante reçue avec enthousiasme n’était pas parfaite, elle se bloquait régulièrement et l’impossibilité d’obtenir le code empêchait qu’un des nombreux programmeurs du laboratoire modifie le programme de cette machine : il aurait fallu plusieurs années au lieu de quelques heures !

Ayant déjà le sentiment que les logiciels devaient être partagés, cette nouvelle stratégie commerciale naissante, qui banalise les clauses de non-divulgation, le força à réfléchir à la question de manière plus poussée, à organiser ses idées, à respecter ses convictions jusqu’à se priver de certaines opportunités. De plus, des événements portant atteinte à cet esprit collectif dévoilèrent le vide juridique concernant ces biens communs et la facilité de se faire approprier un travail conçu, à l’origine dans le partage et pour être partagé, par une entité souhaitant le poursuivre dans un esprit du secret des sources.

Afin de lutter contre cette idée inquiétante, il décide, en 1983, de créer un ensemble de programmes, permettant de diriger les capacités des ordinateurs, qui serait protégé de cette fermeture grâce à un document indiquant explicitement certaines libertés accordées à tous et imposant l’accord de ces mêmes libertés à tout dérivé.

Eben Moglen aida par la suite à inscrire ces notions dans un cadre légal en se basant sur le droit d’auteur, « copyright » en anglais, d’où le jeu de mot « copyleft », qu’on traduit en français par « gauche d’auteur », lorsqu’on souhaite regrouper les licences libres qui empêchent les dérivés d’être proposés sous un type de licence différent, par exemple, avec des restrictions supplémentaires concernant l’usage commercial.

Cette idéologie s’étend par la suite à différents domaines, comme le matériel et la culture. Par « culture », je fais référence aux photos, dessins, films – y compris d’animation –, à la musique également, aux livres – manuels, romans ou pièces de théâtre… À ce sujet, le travail de Creative Commons est remarquable !

Je vous invite à en découvrir plus par vous-même sur cette organisation à but non lucratif en cherchant sur Internet. Il est également possible d’en apprendre plus sur rms et son parcours en lisant « Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée » de Sam Williams, Richard Stallman et Christophe Masutti disponible en format numérique et papier ou bien les articles de Wikipédia traitant de Richard Stallman, du mouvement des logiciels libres et du projet GNU.

Où trouver les logiciels libres ?

Il existe plusieurs « annuaires » permettant de découvrir des alternatives libres aux logiciels couramment utilisés, en voici deux considérés comme étant des références :

  • AlternativeTo.net → Participatif et très fourni, mais n’ayant malheureusement pas été traduit en français
    (il faut penser à sélectionner le filtre « Open Source » à la place de « any license ») ;
  • Framalibre.org → Refonte complète de l’annuaire participatif francophone de Framasoft, association diffusant également de la documentation sur l’auto-hébergement des services web qu’elle propose.
    Au-delà des ressources en ligne, pour vous accompagner dans l’installation, le paramétrage, l’utilisation ou encore l’amélioration, il est possible de se tourner vers des groupes d’utilisateurs de logiciels libres (GULL), des cafés associatifs ou autres associations, mais également des sociétés commerciales ou coopératives à rencontrer lors d’événements cycliques ; un bon point de départ pour trouver ces derniers est « l’agenda du libre ».

Enfin, parcourir un gestionnaire de paquets ou un magasin d’application peut permettre de découvrir des programmes dont on n’aurait jamais soupçonné l’existence :

  • Synaptic → Gestionnaire graphique de paquets dont la liste peut varier selon la configuration des dépôts (n’existe pas pour Windows et macOS) ;
  • F-droid → Magasin d’applications sous licences libres indiquant clairement lorsqu’une application a des caractéristiques problématiques envers la philosophie du logiciel libre (l’autorisation pour l’installation d’applications issues de sources inconnues est requise).

Remplacer les outils habituels

Pour effectuer une transition réussie, mieux vaut y aller progressivement afin de ne pas avoir une masse de nouveaux apprentissages à assimiler… Pour cette raison, il est conseillé de privilégier les logiciels multi-plateformes -dont une version existe pour votre environnement actuel (Windows ou macOS), ainsi que sur votre future distribution libre (GNU+Linux)- et de sauvegarder les fichiers en formats ouverts., afin de préparer des points de repère et l’interopérabilité nécessaire au grand saut !

Navigateur web : Firefox

Page de téléchargement : https://www.mozilla.org/fr/firefox/all/
Modules complémentaires recommandés : uBlock Origin (pour bloquer la publicité et la collecte de données de navigation), Lightbeam (pour comprendre l’agrégation de données de navigation par des sites tiers omniprésents), SSleuth (pour évaluer facilement la qualité de chiffrement d’une page HTTPS).
Moteur de recherche principal à paramétrer : Searx (exemple d’instance publique : https://framabee.org/)

Suite bureautique : LibreOffice

Page de téléchargement : https://fr.libreoffice.org/download/libreoffice-stable/
Module complémentaire recommandé : Grammalecte (pour les correction orthographique, grammaticale, etc.)
Comparaison des fonctionnalités entre LibreOffice et Microsoft Office :
https://wiki.documentfoundation.org/Feature_Comparison:_LibreOffice_-_Microsoft_Office/fr

Courrielleur : Thunderbird

Page de téléchargement : https://www.mozilla.org/en-US/thunderbird/all/
Module complémentaire recommandé : Enigmail (pour pouvoir chiffrer les courriels)
Rappel : Utilisez le champ Cci (copie conforme invisible) afin de ne pas divulguer les adresses de vos contacts à tout votre répertoire !

Services web : Framasoft et les CHATONS

Pages d’information : https://degooglisons-internet.org/ et https://chatons.org/
Page de documentation : https://docs.framasoft.org/fr/

Tester ces outils

En restant sur son système d’exploitation (Windows, Mac..)

Téléchargement de logiciels libres

On peut très bien installer Libre Office, Gimp, etc. sur son ordinateur sans rien changer à ses habitudes.

Attention toutefois à ne pas télécharger ces logiciels sur n’importe quel site pour ne pas tomber sur des versions vérolées.

Il est plus sûr de les télécharger sur Framalibre https://framalibre.org/, l’annuaire du logiciel libre créé par Framasoft [1], une association qui œuvre pour la promotion des logiciels libres.

Tests dans une machine virtuelle

Pour faire une analogie, il faut imaginer l’ordinateur comme une pièce d’un appartement. Dans cette pièce, nous allons disposer une commode, qui sera le gestionnaire de machines virtuelles (VM) et chacun des tiroirs de cette commode sera un mini ordinateur. On peut en créer autant que l’on veut, dans la limite des capacités de stockage de l’ordinateur bien entendu.

  • Installer un gestionnaire VM
    Pour commencer, nous allons installer ce gestionnaire de VM. Je conseille VirtualBox, facile à prendre en main pour un néophyte. Il est téléchargeable gratuitement sur le site de l’éditeur https://www.virtualbox.org/

Après l’avoir téléchargé, il faut installer cette application… La commode est mise en place.

Machine virtuelle
Exemple de machine virtuelle avec Oracle Virtualbox

Il faut maintenant créer notre tiroir. Pour une première approche d’une OS libre, je conseille Ubuntu ou Linux Mint, l’utilisateur n’est en général pas dépaysé puisqu’il retrouve des logiciels libres préinstallés lui permettant tout de suite de faire du traitement de texte, du tableur, de naviguer sur Internet, etc. sans avoir à télécharger des applications supplémentaires.

  • Récupérer un système d’exploitation :

Pour créer une machine virtuelle, il suffira de cliquer sur le bouton bleu « Nouvelle » et de laisser les paramètres par défaut, suffisant pour une première prise en main. A la demande d’une image disque, il faudra aller cherche le fichier Ubuntu ou Mint précédemment téléchargé.

En créant une Clé Bootable

La clé bootable, c’est un petit ordinateur de poche qui tient sur une clé USB.

Il suffit de se munir d’une clé USB de 8 gigas (pas moins) et de la reformater s’il s’agit d’une clé déjà utilisée par le passé. Nous utiliserons, pour une première fois, Linux Mint ou Ubuntu que nous avons précédemment téléchargé.

Il existe plusieurs outils pour transformer cette clé USB en ordinateur de poche. Quelques exemples ici https://www.place4geek.com/blog/2012/11/4-outils-pour-creer-une-cle-usb-bootable-avec-un-fichier-iso/ L’utilisateur choisira celui avec lequel il se sent le plus à l’aise. Il faut d’abord installer ce logiciel sur son ordinateur, la fabrication de la clé bootable ne prend ensuite quelques minutes.

Ici, par exemple, les différentes étapes de la création avec Unetbootin (qui est aussi un logiciel libre) : https://doc.ubuntu-fr.org/unetbootin

Une fois la clé bootable créée, il faut la brancher sur un ordinateur éteint et le démarrer. Dans le meilleur des cas, l’ordinateur démarrera sur la clé. Si cela ne fonctionne pas, il faudra vérifier dans le BIOS [2] les réglages du démarrage et modifier l’ordre du démarrage en plaçant la clé USB avant le disque dur. Pour cette manipulation, ne pas hésiter à demander un coup de main à la communauté du libre francophone, par exemple sur les forums Linux Mint ou Ubuntu.

Libérer son ordinateur

On peut aussi choisir de changer d’OS à 100 % et dire « au revoir » à Windows.

Attention, pour un néophyte en informatique, il est préférable de se faire aider. De nombreux événements existent en France : Samedis du libre [3], Ubuntu party [4]… où des bénévoles viennent spécialement pour donner un coup de main.

Libérer son ordinateur c’est remplacer l’OS existant par un nouvel OS, il est donc impératif de sauvegarder les données de son ordinateur avant d’effectuer cette manipulation.

Pour se lancer, cette documentation reprend les différentes étapes de l’installation de Linux Mint http://www.jetestelinux.com/installer-linux-mint-17-cinnamon-qiana/

Aller plus loin…

Framabooks : https://framabook.org/
FLOSS Manuals : https://www.flossmanualsfr.net/all/
Full Circle Magazine : https://www.fullcirclemag.fr/

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