L’Éducation nationale, champ de bataille entre logiciels libres et multinationales de l’informatique

, par   Eva Thiébaud

L’apprentissage de l’informatique et des outils numériques fait progressivement son entrée au sein des écoles. À l’enjeu éducatif – apprendre aux élèves à utiliser et comprendre les nouvelles technologies dont ils se servent – s’ajoute un enjeu commercial pour de grandes firmes, comme Microsoft, qui cherchent à faire connaître leurs produits auprès des 12,7 millions d’élèves. Plusieurs établissements scolaires leur préfèrent les logiciels « libres », des outils gratuits, plus adaptés pour éveiller l’esprit critique et qui permettent à leurs utilisateurs de s’approprier plus facilement les secrets de l’informatique. L’Éducation nationale se libèrera-t-elle de l’influence des grands groupes ?

« Nous formons de jeunes citoyens et non de futurs clients de Microsoft. » Laure Virot est enseignante à l’école Germain Fumeux de Mions, une petite ville de 12 000 habitants près de Lyon. Elle assume pleinement le choix des quatre groupes scolaires de la commune d’avoir lâché Microsoft, et son système d’exploitation Windows, pour un logiciel « libre ». De plus en plus d’internautes utilisent, consciemment ou non, des logiciels libres : Firefox pour naviguer sur le web ou Thunderbird pour relever sa boîte mails. Dans le cas des écoles de Mions, il s’agit du système d’exploitation Edubuntu, dédié à l’enseignement. C’est la deuxième rentrée scolaire avec ce logiciel libre. « Techniquement, cela n’a pas changé grand-chose, il faut juste retrouver où sont les icônes. Mais philosophiquement, c’est très important », estime l’enseignante.

Quelle est la différence entre un logiciel libre et ceux proposés par Microsoft ou Apple ? Les licences d’utilisation des produits conçus par les géants du numérique sont privatives : c’est le vendeur du logiciel qui définit ses conditions d’utilisation. Au contraire, les systèmes d’exploitation et les logiciels libres apportent quatre libertés aux utilisateurs : utiliser le logiciel sans restriction, pouvoir le redistribuer sous certaines conditions, l’étudier, et le modifier pour l’adapter à leurs besoins. « Le libre, ce n’est pas une technologie, mais une modalité juridique, » résume Rémi Boulle, enseignant en mathématiques et vice-président de l’April, une association qui défend et promeut l’usage de logiciels sous licence libre.

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